La question de renoncer à prendre l’avion est de plus en plus présente dans notre génération : les millénials.
Pourtant, doit-on avoir honte de découvrir un autre pays avec une culture totalement différente de la nôtre ? Une culture qui va nous ouvrir les portes de nouvelles manières de penser et d’agir ?
Mais en même temps, est-ce que ce voyage va me procurer plus de JOIE que de 2 semaines au calme dans la ferme de ma grand-mère ?
Au-delà de ces questions, l’avion est il vraiment plus polluant que la voiture ?
J’ai décidé d’écrire cet article car je me pose toutes ces questions et que la semaine dernière j’ai pris l’avion…
…et pour la première fois, j’ai eu honte !
A la base je voulais faire un seul article mais comme c’est un sujet vraiment complexe, j’ai décidé d’en faire deux.
Dans ce premier article je vous partage les bases techniques du sujet de la pollution du secteur aérien.
En lisant cet article en entier, vous apprendrez pourquoi l’avion est un mode de transport polluant (sauf sur un type de trajet particulier où l’avion est mieux que la voiture) et les bases théoriques de la pollution des transports.
Dans le second article, je vous explique pourquoi j’ai utilisé l’expression « honte de prendre l’avion » (indice : cela vient d’un mot qui a fait le buzz en Suède…) et je vous partage ma réflexion en 5 étapes pour prendre moins l’avion.
On prend de plus en plus l’avion
Ce qui m’a donné envie d’écrire cet article est un post LinkedIn de Jean-Marc Jancovici, ingénieur, chef d’entreprise et consultant renommé.
Il est une sorte d’influenceur dans le domaine de l’environnement.
Dans un post, il soutenait que le trafic aérien (en nombre de passagers) a été multiplié par près de 15 en 50 ans (données banque mondiale.)
Il ajoute que le traffic augmente de 5,6% par an alors même que si l’on respectait les accords de Paris, nos émissions devraient baisser de 4% par an.
Pour lui, il y a un vrai soucis.
Et je suis d’accord avec lui, les faits en attestent.
L’avion n’a jamais été aussi accessible.
Des compagnies low cost comme Ryanair ou EasyJet sillonnent l’Europe et le Monde.
Ces nouveaux acteurs ont radicalement modifié la nature du secteur car ces compagnies contribuent à une très forte intensification aérienne en Europe :
à ce jour, elles représentent 25 % du trafic mondial et plus de 40 % du trafic en Europe.
C’est impressionnant :
À chaque battement de cœur, un avion décolle dans le monde, ce qui représente environ 72 vols par minute.
Et ce cela ne risque pas de s’arrêter car selon les prévisions réalisées par Boeing et Airbus : les compagnies aériennes devraient transporter plus de 8 milliards de passagers par an – soit deux fois le nombre actuel de passagers. (à l’horizon 2037-2038).
Pourtant, en voulant creuser le sujet, j’ai découvert que le sujet de la pollution du transport aérien est plus complexe.
Y a-t-il vraiment un soucis ?
L’avion consomme comme une voiture hybride avec un passager à bord !
Alors que le transport aérien a l’image d’un mode de transport polluant, le secteur ne représente à ce jour que 2 % des émissions de CO₂ à l’échelle mondiale et ses émissions augmentent 2 à 3 fois moins vite que le trafic routier.
Par ailleurs, les nouvelles générations d’avions comme le B747 ou l’A350 consomment de moins en moins (3 litres au 100km c’est-à-dire la consommation d’une voiture hybride avec un passage à bord).
C’est tranquille alors ?
On peut tous prendre l’avion !
Et bien non !
La réalité est, vous vous en doutez encore plus complexe.
L’avion est un mode de transport polluant !
Dans mon précédent paragraphe, je parlais de consommation de carburant pour 100km des avions nouvelles générations.
En réalité, il est plus correct de comparer les différents moyens de transport en émissions de Co2 par passager par km.
Et voici les chiffres de l’agence européenne de l’environnement :
- 14 g de CO2/passager/km pour le train
- 42 g de CO2/passager/km pour une petite voiture
- 55 g de CO2/passager/km pour une voiture moyenne
- 68 g de CO2/passager/km pour un bus
- 72 g de CO2/passager/km pour un deux roues motorisé
- 285 g de CO2/passager/km pour un avion
Le problème dans ces chiffres vient des hypothèses…
Je reprends à mon actif la démonstration de Clément fournier dans cet article.
En regardant les chiffres, on se rend compte « que le chiffre de 55 g de CO2/passager/km pour une voiture moyenne prend l’hypothèse que la voiture est occupée par 4 personnes, et que le chiffre de 285 g de CO2/passager/km pour l’avion prend comme taux d’occupation 88 personnes. »
Or, le taux d’occupation moyen d’une voiture en France est de 1,1 personnes par véhicule pour des trajets courts : les plus courants en France et de 2,2 personnes pour les trajets longs.
Pour les avions, on constate qu’Air France a un taux d’occupation moyen de 85,7% ce qui donne 111 passagers par petit avion. C’est un chiffre supérieur à 88.
Avec des chiffres plus proches de la réalité, on observe que l’avion émet environ autant de CO2 par km et par passager qu’une voiture.
Les dernières études constateraient même que la pollution des voitures serait en moyenne plus polluante que l’avion. Si vous le souhaitez, vous pouvez retrouver ces informations en cliquant ici.
Vous pouvez en tout cas retenir que l’émission en CO2 d’un moyen de transport dépend de son occupation et du nombre de km parcourus.
Ainsi, vous comprenez bien que le plus gros problème avec l’avion est la longueur des trajets… mais ce n’est pas le seul !
Les 3 GROS problèmes avec l’avion :
Problème numéro 1 : La longueur des trajets
Il faut garder à l’esprit qu’un vol Paris-New York en avion par exemple émet environ 1 tonne de CO2. Soit presque la totalité du « budget carbone » annuel auquel un français devrait se limiter s’il voulait vraiment lutter contre le changement climatique (1.22 tonnes par an et par habitant).
Problème numéro 2 : forçage radiatif
Le transport aérien ne génère pas que des émissions de C02. Il existe aussi le phénomène de forçage radiatif.
Quand vous levez les yeux au ciel, vous pouvez souvent observer de longues trainées blanches (traînées de condensation)…
…etces traînées – constituées de gaz et de vapeurs d’eau- bloquent en partie les rayonnements émis par la terre dans l’atmosphère ce qui contribue au réchauffement.
Le trafic aérien rejette également des oxydes d’azote (Nox) qui augmentent la concentration de deux GES (Gaz à effets de serre) : l’ozone et le méthane.
Problème numéro 3 : La généralisation
Le problème c’est que la croissance du secteur du transport aérien est lié à la mondialisation…
…et plutôt que de remplacer des modes de transport polluants préexistant (comme la voiture)
…la surabondance de voyage créé de nouvelles opportunités de transport qui s’ajoutent aux pollutions actuelles.
On découvre ainsi de nouvelles destinations, plus lointaines, ce qui nous incite à voyager plus et plus loin, et donc à polluer plus.
La seule raison de préférer l’avion à la voiture :
Sur certains trajets spécifiques on peut considérer que le trajet en avion est parfois préférable en termes environnementaux au trajet en voiture pour les longs voyages.
C’est le cas si vous voyagez seul sur de longues distances, notamment pour les vacances. (si on prend en considération les bouchons et la climatisation…)
Mais sinon, l’avion reste très polluant…
Sur 100km :
- l’avion polluera 10 à 50 fois plus qu’un train à grande vitesse électrique
- 5 à 10 fois plus qu’un bus.
Conclusion :
Mieux vaut prendre le train !!
Car dans l’ensemble, réduire ses besoins en transport (en avion, mais aussi et surtout en voiture) est la meilleure manière de réduire son empreinte carbone.
Dans mon prochain article, je vous propose 5 étapes pour prendre moins l’avion et pour répondre aux question suivantes : doit on arrêter de prendre l’avion ? Comment remplacer l’avion ? Comment voyager sans avion ?
Je vous souhaite un MAX de joie,
Jean-Baptiste.