Je sors de la lecture du livre de Frédéric Lenoir “Le Christ Philosophe” et cela a été une belle claque pour moi !
Dans ce livre, l’auteur analyse la Bible et l’action de Jésus d’un point de vue totalement philosophique, comme il lirait Spinoza, Voltaire ou Kant.
Le passage qui m’a le plus marqué est celui sur Jésus non violent.
J’aimerais donc vous le partager dans cet article, avec à la fin, une vidéo surprise (ultra inspirante !)
Je précise – ce n’est pas un discours du Pape 😉
Jésus non violent et inspirateur de Luther King et Gandhi
Gandhi a répété à de nombreuses reprises que les Évangiles avaient inspiré sa lutte non violente pour l’indépendance de l’Inde.
Martin Luther King a lui aussi affirmé sur Jésus et la non-violence que : « le Christ donnait l’esprit et la motivation, [et] Gandhi la méthode, »[1]
Qu’est-ce qu’a pu dire Jésus de si important pour inspirer ces deux grands hommes ?
Vous l’aurez deviné – c’est en deux mots : NON – VIOLENCE !
Avant de vous partager les paroles exactes de Jésus qui a inspiré ces deux grands hommes, j’aimerais revenir sur les fondements de l’émergence de la doctrine non violente de Jésus.
Pourquoi il faut stopper le cycle infernal de la violence
Dans les Évangiles, Jésus veut faire comprendre à ses interlocuteurs que la violence est un cycle qui s’alimente en permanence de la réaction de l’autre.
Augmentation croissante de la violence avec deux choix possibles :
- L’un des deux arrête de répondre et met fin au cycle
- L’un des deux meurt
L’agresseur et l’agressé changent de rôle l’un et l’autre jusqu’à ce que l’un stoppe la violence ou décède.
L’agresseur et l’agressé peuvent être un collectif ou un individu seul.
A chaque nouveau palier franchi, chacun trouve une raison juste de se venger et tout le monde se perd :
QUI a commencé en premier l’acte de violence ?
POURQUOI l’agressé a répondu ?
Et cela créé des drames…
… dont l’un est très bien illustré par ce tableau montrant la réconciliation des Montaigu et des Capulet face aux cadavres de leurs enfants.
En effet, dans l’œuvre de Shakespeare, Roméo et Juliette, seule la mort des deux protagonistes pousse les deux familles des Capulet et Montaigu à se réconcilier.
Jésus enseigne qu’il ne faut pas entrer dans le cycle de la violence et pour cela une seule solution subsiste :
Ne jamais répondre à une provocation de l’agresseur par une attitude mimétique.
On sait aujourd’hui que rien ne peut déstabiliser davantage un individu agressif que l’absence de réaction violente de sa victime.
La psychologie moderne a d’ailleurs démontré comment des individus agressifs cherchaient à provoquer d’autres afin de susciter une réaction violente et de légitimer ensuite leur agression : c’est ce qu’on appelle la provocation.
Jésus Non Violent – Son message révolutionnaire
La Torah a constitué une avancée éthique considérable pour l’époque mais n’avait pas pour autant condamné la vengeance :
« Mais s’il y a un accident, tu donneras vie pour vie, oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure. » (Exode, 21, 23-25)
Jésus appelle à un changement radical d’attitude et à un dépassement de l’ancienne Loi dans le Nouveau Testament :
« Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil et dent pour dent. Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. Si quelqu’un veut te faire un procès et prendre ta chemise, laisse-lui encore ton manteau. » (Matthieu 5,38-40)
Mais Jésus ne s’arrête pas là, il va plus loin ! (Dans une phrase que j’ai personnellement du mal à comprendre…)
Jésus Non violent dit même “Aimez vos ennemis !”
Non seulement, il demande de ne pas répondre à la violence par la violence, il suggère de dévoiler le mensonge de l’agresseur en adoptant l’attitude inverse MAIS il exige aussi de l’aimer !
« Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu détesteras ton ennemi. Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis, [bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous détestent] et priez pour ceux [qui vous maltraitent et] qui vous persécutent, afin d’être les fils de votre Père céleste. En effet, il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes » (Matthieu 5,43-45)
C’est une injonction impossible, non ?
La vision du pasteur
La plupart d’entre nous arrivent difficilement à s’aimer eux-mêmes, aimer l’autre est une tâche encore plus ardue. Alors aimer son ennemi ?
Il faut redéfinir amour selon la Bible. Aujourd’hui, ce mot veut dire: sentiment, émotion, sexualité. Or, dans la Bible, l’amour est un acte sacrificiel, un don.
Ainsi, nous n’avons pas besoin de ressentir une émotion particulière pour aimer nos ennemis. Réal Gaudreault, un pasteur Suisse l’interprète comme suit :
“Il suffit tout simplement de poser un geste de générosité à leur égard. Nous aimons les gens à chaque fois que nous faisons quelque chose qui est gratuit et ce, même lorsque nous n’en avions pas le goût.“
La vision de Frédéric Lenoir
Frédéric Lenoir explique cette phrase un peu différemment.
Pour lui, la méchanceté est rarement gratuite. Il y a souvent une cause qui explique un acte cruel (Sans le justifier attention !)
Imaginez cet homme qui maltraite son chien dans la rue, peut-être a-t-il été humilié par son patron dans la journée ?
Et cette femme qui abandonne ses enfants a peut-être été elle-même abandonnée.
Jésus nous dit d’aimer ces personnes – ces “ennemis du bien” , quoi qu’il en coûte.
Dur n’est pas-ce pas ?
Mais cela vaut peut être mieux qu’alimenter le cycle infernal de la violence.
Comprendre les causes de la violence
Comprendre les causes de la violence de l’ennemi n’excuse pas l’acte mais permet de ne pas haïr ceux qui commettent le mal.
Haïr, c’est se faire du mal à soi.
Essayer au contraire de les aimer (ce qui est d’autant plus dur quand nous en sommes les victimes.) est peut être plus salvateur.
Je sais que je marche sur des œufs en disant cela, mais j’ai l’impression qu’être empli de haine ne permet pas la guérison.
Cela peut provoquer que plus de violence, et alimenter encore une fois le cycle du mal.
J’ai été agressé par une personne – c’est mon ennemi – je le hais – je répond – je le violente en acte ou en parole – je le détruis encore plus, alors qu’il a été lui même agressé et je perpétue le cycle.
Frédéric Lenoir, en interprétant Jésus, nous conseille, à notre niveau :
- De ne pas provoquer ;
- De ne pas répondre aux provocations ;
C’est un message complexe, que j’ai encore du mal à saisir complétement.
Je serai heureux d’avoir votre avis sur ce message de Jésus non violent.
Avant de vous quitter, la vidéo surprise !
La vidéo surprise
Cette vidéo d’Edgar Morin, sociologue et philosophe de 98 ans m’a beaucoup inspiré. Il s’agit de son message aux jeunes générations sur Thinkerview, un média indépendant que j’affectionne.
Je trouve que son message fait écho à celui de Jésus : “Choisir les forces d’amour (Eros) plutôt que les forces de morts (Thanatos) “
J’aime vraiment tout dans ce message !
Au délà du combat Eros VS Thanatos, il compare le contexte actuel avec son contexte de jeune (l’occupation allemande de la seconde guerre mondiale) en disant que l’aventure humaine a toujours été tourmentée.
Cela m’a aidé à prendre du recul sur la situation d’incertitude que notre génération vit.
Et enfin, il donne sa recette de la vie bonne : épanouir ses aptitudes dans l’amour et la fraternité en restant ouvert au monde. Je sens que je pourrais être tenté de rester avec des personnes qui pensent comme moi et cesser de m’ouvrir au monde pour me protéger. Avec ce message, j’ai envie de continuer à m’ouvrir.
Car c’est le seul chemin qui pour moi permettra à l’humanité de rester souder dans la dérive ( Ex : effondrement écologique).
Et vous? Que pensez-vous du message de Jésus et de celui d’Edgar Morin?
D’ici là,
Je vous souhaite un MAX de joie !
Jib
[1] Martin Luther King, La force d’aimer, Paris, Casterman, 1964, p. 226